Un pays escamoté
Dans la plupart des atlas aujourd'hui, il est de plus en plus difficile de trouver le nom "Tibet": il est
remplacé par "Xizang" ou "Région Autonome du Tibet". Une recherche plus minutieuse indiquera que
d'anciens lieux tibétains tels que Shigatse ont été changés en Xigatse, qui sonne plus chinois.
Ceci n'est pas accidentel. La Chine communiste a un "Comité Géographique des Noms de Lieux" dont le
travail consiste à inventer des noms chinois pour remplacer ceux du Tibet ou du Turkestan Oriental; cela
fait partie d'une tentative délibérée de présenter le Tibet comme une région chinoise à part entière.
Malheureusement, les principaux éditeurs occidentaux et les institutions géographiques prennent part à
cette supercherie en éditant des cartes sinisées du Tibet.
*
Des provinces éclatées
L'Amdo au nord, le Kham à l'est et l'U-Tsang au sud étaient les trois régions du Tibet historique.
- L'Amdo a été morcelée entre la province du Qinghai et une partie de la province du Gansu.
- Le Kham fait aujourd'hui partie des provinces chinoises du Sichuan, de Gansu et du Yunnan.
- L'U-Tsang avec l'ouest de la province du Kham, forme de nos jours ce que la Chine dénomme "La Région Autonome du Tibet".
La "Région Autonome du Tibet" (RAT), version chinoise artificiellement réduite du Tibet, comprend moins de la moitié du Tibet historique.
Elle fut créée par la Chine en 1965 pour des raisons "administratives".
Attention, lorsque l'administration et les publications chinoises utilisent le terme "Tibet", elles font référence uniquement à la "RAT".
Pour les Tibétains, le véritable Tibet reste le Tibet historique.
Colonisation
La population actuelle du Tibet est de 6 millions de Tibétains et d'environ 7.5 millions de Chinois.
Attention, ces chiffres sont très différents de ceux avancés par le gouvernement chinois, qui tend à minimiser le nombre de colons et
fait uniquement référence à la "RAT".
L'objectif de la Chine, est maintenant de noyer le Tibet sous une mer de colons, en faisant venir, d'après certaines sources,
10 à 15 millions de colons supplémentaires d'ici 2020 (grâce principalement à la construction de voies ferrées) !
Environnement
Le Tibet est incroyablement sensible et contient une étourdissante diversité d'habitats, une faune et une biodiversité
comparable à celle de la forêt amazonienne, et des régions climatiques s'étendant de la haute steppe glacée, jusqu'aux
déserts des hauts plateaux, aux forêts tropicales, et aux prés alpestres.
Le Tibet est également la source de tous les plus grands fleuves d'Asie, comprenant le Mékong, le Bramapoutre, le Yangstsé,
et l'Indus; ils sont alimentés par une précipitation moyenne de 100 mm dans le nord du pays jusqu'à plus de 1000 mm dans le sud-est.
Ressources surexploitées
Avec ses nombreuses ressources naturelles, le Tibet souffre des conséquences de l'exploitation commerciale intensive
de la Chine qui voie le Tibet comme la "Maison des Trésors" et en tire profit.
Le Tibet est riche en minerais; y compris des réserves considérables d'or, de pétrole, de gaz, de bauxite, de cuivre, d'étain
et de lithium, qui sont extraits sans considération pour l'environnement.
Le résultat en est des niveaux alarmants de pollution qui affectent l'hydrographie, l'atmosphère et les sols.
Des zones forestières autrefois verdoyantes comme le Kongpo au sud-est du Tibet, ont été transformées en un paysage lunaire.
En 1949 les forêts recouvraient 221.800 kilomètres carrés, soit près de la moitié de la superficie de la France.
En 1985, la moitié de la surface de la forêt était rasée.
Selon des informations récentes du World Watch Institute, la déforestation atteindrait maintenant 85% !
Le déboisement cause de sévères problèmes d'érosion et de glissements de terrain, tandis que niveau de vase dans des
fleuves tels que le YangTsé ont atteint des niveaux sans égaux dans le monde. Les effets dépassent maintenant les frontières du
Tibet et se traduisent par des inondations dévastatrices en Chine, Inde et Bangladesh.
Le gouvernement chinois lui-même a reconnu le rôle de cette déforestation massive dans les inondations catastrophiques de ces
dernières années : en 1998, plus de 10000 morts, 250 millions de sinistrés, et des millions de sans-abris suite aux crues du YangTsé.
Climat
La grande couverture de végétation influence aussi la terre et les températures atmosphériques qui participent à la régulation
de la mousson. La déforestation sur une si grande échelle entraîne une sérieuse inquiétude parmi les climatologistes et les
environnementalistes, qui considèrent que le climat mondial peut être dangereusement déstabilisé.
Merci à l'Independent Tibet Network, à la Uyghur American Association, et à l'Inner Mongolian People's Party, pour la constitution de cette page.
SOULEVEMENT DU PEUPLE TIBETAIN CONTRE L’INVASION CHINOISE - 10 MARS 1959 A LHASSA
HISTORIQUE
C’est au cours des années 1949/50 que les troupes chinoises envahissent le territoire tibétain. Le Tibet lance alors un appel à la communauté internationale qui restera lettre morte. Les troupes communistes écrasent une petite armée tibétaine et bombardent le Fort de Tch’amdo où siège le Gouverneur du Kham (en tibétain : Dotchi), Ngabo Ngawang Jigmé qui fut capturé. Le seul occidental présent dans la région, Robert Ford, opérateur de radio au service du gouvernement tibétain, est également arrêté. Il sera relâché après cinq ans d’emprisonnement et de tentatives de lavage de cerveau. Or, le prétexte officiel pour justifier l’intervention militaire chinoise est de « libérer le Tibet du joug des forces impérialistes occidentales présentes au Tibet et de mater les éléments contre-révolutionnaires » dans les populations tibétaines. Radio Pékin annonce que « Les objectifs de l’Armée de libération populaire, pour 1950, sont de libérer Formose, Hainan et le Tibet des impérialismes américain et anglais ». Or, au moment de l’entrée des troupes communistes chinoises au Tibet, seuls sept occidentaux, en tout et pour tout, vivaient dans l’ensemble du Tibet et parmi eux pas un seul Américain, ni quiconque qui pourrait prétendre au nom d’impérialiste !!. Voici la liste de ces Occidentaux :
Heinrich Harrer (Autrichien), réfugié au Tibet au cours de la 2ème guerre mondiale, engagé au projet hydroélectrique et à l’élaboration du plan cartographique de Lhassa qui, par ailleurs, quitta le Tibet dès qu’il pressentit la menace réelle d’une invasion chinoise.
Peter Aufschnaiter (Autrichien) réfugié au Tibet au cours de la 2ème guerre mondiale, engagé au projet hydroélectrique à Lhassa
Reginald Fox (Anglais), opérateur de radio engagé par le Gouvernement du Tibet à Lhassa
Robert Ford (Anglais), opérateur de radio engagé par le Gouvernement du Tibet à Tchamdo.
Hugh Richardson (Anglais), ambassadeur à la Mission de l’Inde qui bientôt transféra le pouvoir à un Indien nommé pour le remplacer, l’Inde étant devenue Indépendante depuis août 1947
Geoffroy Bull (Anglais), missionnaire chrétien
Nedbailoff (réfugié Russe), électricien engagé au projet hydroélectrique à Lhassa par le gouvernement du Tibet.
Une fois qu’elle eut occupé la moitié du territoire tibétain et atteint la rive du fleuve de Dzachu (Mékong), la Chine obligea le gouvernement du Tibet à entrer en négociation.
Seule face à la Chine, une petite délégation tibétaine fut contrainte de signer, en mai 1951, à Pékin, l’infâme « Accord en 17 Points » dans lequel le Tibet fut forcé d’abandonner sa souveraineté. Aujourd’hui, la Chine s’appuie essentiellement sur ce texte pour légitimer sa présence au Tibet. Mais comme nous le verrons, cet accord fut signé dans des conditions pour le moins rocambolesques.
Dès le début de la discussion, la partie chinoise indiqua clairement qu’il était hors de question de discuter sur le « statut du Tibet » mais seulement « les modalités pour son intégration à la mère-patrie ». Les Tibétains n’eurent aucun choix car Li Weihan, l’interlocuteur de Mao Tsétoung, les bien menaça en ces termes : « si vous ne signez pas cet accord, nous donnerons l’ordre à nos troupes (positionnées sur la rive du fleuve Mékong) d’avancer plus vers le Tibet central ». Puisque les émissaires tibétains n’avaient aucun pouvoir de signer quoi que ce soit, ils n’avaient pas amené le sceau du gouvernement du Tibet. Finalement, la Chine se résolut à fabriquer sur place à Pékin, des sceaux-signature, qui furent apposés sur chaque signature manuscrite. Cet accord inique sera dénoncé plus tard par le XIVème Dalaï-Lama qui par ailleurs, l’apprit par Radio Pékin. Il s’ensuivit, pour le Tibet bouddhiste et la Chine communiste, une période de neuf années de coexistence difficile.
Les Tibétains du Nord-Est (province d’Amdo) et de l’Est du Tibet (province du Kham) qui assistèrent les premiers à l’intrusion de l’Armée populaire de libération, fuirent devant la répression chinoise croissante et durent gagner les zones rurales. C’est là qu’une résistance armée s’organisa, laquelle se propagea bientôt dans tout le Tibet. Les provinces de l’Amdo et du Kham furent la scène d’un cycle résistance-répression tristement célèbre dans la mémoire des Tibétains. Il contraignit des milliers de Tibétains à fuir vers le Tibet central et vers Lhassa, relativement plus sûrs. Mais le ressentiment de ces populations, engendré par l’arrogance et la violence avec lesquelles la Chine traitait le gouvernement tibétain, s’abreuva encore des récits de destruction des monastères et de massacres de lamas et de moines que rapportaient les réfugiés venus du Tibet oriental. Bientôt, le mécontentement qui couvait se traduisit par une défiance ouverte à l’égard de la Chine et le rejet de son pouvoir.
En 1958, sous la conduite de Andruk Gonpo Tashi, une armée dite des « résistants volontaires pour la protection du Tibet » ( bstan srung dwang blang dmag) fut créée à Lhokha au sud du Tibet.
Comment peut-on honnêtement parler de la « libération pacifique du Tibet » alors que 40 000 troupes s’activent dans la capitale du Tibet-Lhassa, qui ne comptait que 25 000 habitants ?
Le 10 mars 1959, ce sont des dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui descendent dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang. Selon une estimation chinoise, près de 87 000 Tibétains furent massacrés dans le seul Tibet central. Il fallut un peu plus de trois jours à l’Armée Populaire de Libération pour venir à bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de résistance qui se répandait dans tout le Tibet.
Le soulèvement du 10 mars et sa répression sans restriction eurent pour conséquence la fuite vers l’Inde du Dalaï-Lama, des membres de son gouvernement et d’environ 80 000 Tibétains. Le gouvernement tibétain en exil, depuis son siège de Dharamsala, petite ville située au nord de l’Inde dans les contreforts de l’Himalaya, a développé, sous la conduite du Dalaï-Lama, une résistance non violente à l’occupation chinoise, résistance qui a donné naissance à un Mouvement pour la liberté du peuple tibétain étendu aujourd’hui à l’échelle mondiale.
Le soulèvement du 10 mars 1959 à Lhassa, fut un événement charnière dans l’histoire de la résistance des femmes tibétaines. En effet, le 12 mars 1959, les femmes tibétaines organisèrent une manifestation nationale contre l’invasion chinoise à Lhassa, rejoignant les hommes dans leur résistance active. Environ 15000 femmes y participèrent. La répression fut tout aussi massive envers les femmes et marqua le début d’une répression totale. Plusieurs milliers de celles-ci furent arrêtées et, plus particulièrement, les dirigeantes de cette manifestation – Kundéling Kunsang, Galing Shar Choe-la, Pékong Penpa Dolma, Tawutsang Dolkar, Demo Chimé, Tsong Khang Mémé, Kukarshar Kelsang, Risur Yangchen qui furent publiquement exécutées par la suite. Sans oublier le sort réservé aux centaines de femmes tibétaines qui dès 1955, se sont engagées dans la résistance armée contre l’invasion chinoise au Tibet oriental comme le démontrent les témoignages de Ama Adhe et Ani Patchen.
Chronologie détaillée des étapes de l’invasion du Tibet par la Chine :
Afin de mieux comprendre l’histoire de l’invasion du Tibet, nous publions une chronologie détaillée :
1er octobre 1949 : Mao Tsétoung (Mao Zedong) proclame la République populaire de Chine.
1er janvier 1950 : Radio Pékin annonce la prochaine « libération du Tibet ».
2 janvier 1950 : Mao Tsétoung envoie un télégramme depuis Moscou confirmant les responsabilités militaires et administratives de la Région militaire nord-ouest (concerne la partie nord est du Tibet).
Janvier 1950 : Radio Lhassa, opérée par le gouvernement tibétain, relaie pour la première fois des informations en tibétain, en chinois et en anglais (par Reginald Fox).
31 janvier 1950 : Radio Lhassa rejette la revendication de Pékin qui considère le Tibet comme faisant partie de la Chine.
Février 1950 : sous la conduite du ministre Shakabpa, le Tibet envoie une délégation vers la Chine, mais pour des raisons politiques, celle-ci n’a pas pu s’y rendre.
Mai 1950 : premier conflit entre les forces communistes et tibétaines à Denkhog dans la province du Kham.
24 juillet 1950 : 600 cavaliers de l’armée chinoise arrivent à Kyégoudo (Jeykundo) au Tibet oriental.
1er août 1950 : 130 cavaliers de l’armée chinoise partent du Xinjiang et arrivent à Gyertsé dans Ngari (le Tibet occidental).
6 septembre 1950 : le 18ème Corps d’Armée de la Libération populaire chinoise (APL), placé sous le commandement de Zhang Guohuo, arrive à Kardzé (ch. Ganzi, écrit sur cette carte Garzê) au Tibet oriental.
7 octobre 1950 : tandis que la guerre de Corée bat son plein, 40 000 soldats de l’Armée populaire de Libération (APL) franchissent le fleuve Dritchou (Yangtse).
N.B. Tous les documents officiels chinois citent cet événement comme étant la “libération pacifique” du Tibet car, pour la Chine communiste, il s’agit de “libérer le Tibet du joug des forces impérialistes occidentales” et “d’éléments réactionnaires”.
19 octobre 1950 : Ngabo Ngawang Jigmé, le gouverneur du Kham (Do-tchi), capitule face aux troupes communistes. A cette occasion, la Chine annonce “la liquidation de 5 638 ennemis, 180 soldats tués et blessés”.
24 octobre 1950 : L’APL prend le contrôle du chef-lieu du Tibet oriental, Tchamdo (Chamdo) à l’issue de 20 batailles contre l’armée tibétaine.
26 octobre 1950 : l’Inde proteste formellement contre l’invasion du Tibet par des troupes chinoises.
Novembre 1950 : La Chine déclare la constitution du Comité de Libération de Tchamdo.
1er novembre 1950 : le gouvernement tibétain envoie une lettre au régime communiste.
7 novembre 1950 : le Tibet lance un appel à l’ONU.
9 novembre 1950 : Ngabo Ngawang Jigmé, désormais entre les mains de la force de l’APL, envoie un télégramme au Gouvernement du Tibet à Lhassa l’informant de la nécessité d’envoyer des émissaires gouvernementaux tibétains à Pékin pour engager des pourparlers.
10 novembre 1950 : la Chine communiste fait une première déclaration sur le futur statut du Tibet.
17 novembre 1950 : le XIVème Dalaï Lama assume les pleins pouvoirs.
9 décembre 1950 : fuite du Dalaï Lama vers la frontière sikkimaise, à Dromo (Yadrong ou Yatung).
6 février 1951 : Les émissaires tibétains, Thoupten Legmon et Sampho Tenzin Dhondrup arrivent à Tchamdo (Chamdo).
27 février 1951 : Le Gouvernement du Tibet décide d’entrer en négociation avec Pékin.
26 avril 1951 : La délégation tibétaine dirigée par Ngabo Ngawang Jigmé et Sampho Tenzin Dhondrup arrive à Pékin.
23 mai 1951 : accord en 17 points signé à Pékin entre la Chine et le Tibet, dit “Accord entre le Gouvernement central de la Chine et le gouvernement local du Tibet sur les mesures pour la libération pacifique du Tibet”.
N.B. Accord signé sous la menace d’une invasion du Tibet central et par des délégués qui n’avaient pas l’autorité du gouvernement du Tibet. Par ailleurs, le sceau-signature des délégués tibétains a été fabriqué sur place à Pékin. Accord accepté par un télégramme du Dalaï Lama à Mao Tsétoung en septembre 1951 ; dénoncé en avril 1959 par le Dalaï Lama à Tezpur (Assam), Inde.
27 mai 1951 : Radio Pékin annonce la signature de l’Accord en 17 Points.
29 juin 1951 : 280 soldats supplémentaires partent rejoindre les forces APL déjà arrivées à Gyertsé et se dirigent vers Pourang au Tibet occidental.
1 juillet 1951 : le 18ème corps de l’armée chinoise quitte Kardzé (Garzê) à destination de Tchamdo (Chamdo)
16 juillet 1951 : Routhok au Tibet occidental est “libéré” par l’APL.
8 août 1951 : le Général chinois Chang Chin Wu arrive à Lhassa après avoir rencontré le Dalai Lama à Dromo (Yatung ou Yadrong) le 14 juillet 1951.
17 août 1951 : retour du Dalaï Lama à Lhassa.
22 août 1951 : l’armée chinoise de la région Nord-Ouest quitte l’Amdo à destination de Lhassa.
28 août 1951 : le 18ème corps d’armée sous le commandement de Zhang Gouhuo et Tan Kua Sen, quitte Tchamdo à destination de Lhassa.
9 septembre 1951 : plusieurs milliers de soldats de l’APL entrent à Lhassa.
15 nov. 1951 : L’armée chinoise arrive à Gyeltsé et à Shigatsé au Tibet central.
1 décembre 1951 : L’armée de la région Nord-Ouest arrive à Lhassa.
10 février 1952 : création par la Chine de la Région militaire du Tibet.
11 mars 1952 : premier soulèvement à Lhassa des Tibétains contre la présence chinoise.
27 avril 1952 : sous pression chinoise, deux Premier ministres tibétains, Lukhangwa et Lobsang Tashi ont été congédiés.
6 septembre 1953 : dissolution du Ministère des affaires étrangères du Tibet ( bod gzhung phyi rgyal las khungs) et sa fusion avec les Affaires étrangères de la Chine populaire.
29 avril 1954 : « Accord de Cinq Principes » ou Pancha Sheel entre l’Inde et la Chine signé à Pékin, par lequel le Tibet est reconnu comme une région de la Chine. L’Inde cède ainsi tous les droits extra-territoriaux et privilèges qu’elle a hérités de la puissance coloniale britannique. La Mission de l’Inde à Lhassa devient simplement « Consulat général ».
N.B. Accord signé sans consultation avec le Tibet. Le Premier ministre indien Nehru a naïvement cru qu’en signant cet accord, la Chine accepterait les délimitations frontalières entre la Chine (c’est-à-dire le Tibet désormais considéré comme une région chinoise) et l’Inde, ce qui assurerait la paix entre les deux géants de l’Asie.
1954 : la Chine se donne une nouvelle Constitution qui exclut tout droit de sécession des régions autonomes. Un article précise que la Chine accorde une « Autonomie régionale », mais que « les Régions autonomes » font partie intégrante de la République populaire de Chine.
N.B. Or en 1931, la Constitution de la République soviétique de Jiangxi du mouvement communiste accordait le droit aux régions autonomes de se séparer de la République populaire pour devenir des pays indépendants.
15 décembre 1954 : ouverture de la route Qinghaï-Tibet jusqu’à Lhassa.
1954-1955 : voyage officiel du Dalaï Lama en Chine.
9 mars 1955 : à Pékin, la Chine lance le Comité préparatoire pour la « Région autonome du Tibet » (CPRAT).
Début 1956 : généralisation des révoltes des Tibétains de la région orientale du Kham contre l’instauration de communes populaires et les attaques contre le clergé.
22 avril 1956 : à Lhassa, en présence de Chen Yi, le CPRAT est officiellement inauguré.
1956 : accord commercial signé par la Chine avec le Népal. L’article 3 de cet accord stipule que « Tous les traités et documents existant entre le Népal et la Chine y compris ceux entre le Népal et la Région du Tibet de la Chine sont abrogés ».
N.B. L’accord népalo-tibétain de 1856 par lequel le Népal jouissait de droits privilégiés est rendu caduc. La Mission du Népal à Lhassa est désormais rétrogradée au statut d’un « Consulat ».
Novembre 1956 : le Dalaï Lama se rend en Inde pour célébrer le 2 500ème anniversaire du Bouddha Shakyamouni.
1956 : soutien de la CIA aux Tibétains dans l’optique de la lutte de l’Amérique contre le communisme.
21 mars 1957 : organisation de la résistance armée tibétaine. Un premier groupe de 6 Tibétains a pu gagner l’île Pacifique de Sa‘pan pour être entraîné par la CIA.
16 juin 1958 : formation de Chushi Gangdruk (littér. "Quatre rivières et Six montagnes" qui décrit la géographie de deux provinces orientales du Tibet - Amdo et Kham) à Chagtsa Drigouthang dans le district de Lhokha, conduite par Andruk Gonpo Tashi et d’autres dirigeants du Tibet oriental pour mener une résistance armée contre l’invasion chinoise.
10 mars 1959 : soulèvement populaire des Tibétains contre l’invasion chinoise à Lhassa.
12 mars 1959 : soulèvement des femmes tibétaines à Lhassa contre l’invasion chinoise du Tibet : plus de 15 000 femmes y participent. Leurs chefs ont été arrêtés et exécutés publiquement par les forces chinoises.
16 mars 1959 : fuite en Inde du Dalaï Lama.
23 mars 1959 : l’armée chinoise hisse, pour la première fois, le drapeau aux cinq étoiles de la Chine populaire sur le fronton du Palais de Potala.
28 mars 1959 : Zhou Enlaï annonce la dissolution du Gouvernement « local » du Tibet.
1er avril 1959 : le Dalaï Lama et son entourage arrivent au poste frontalier de Tchou Tr’angmo (Chudrangmo) et sont accueillis en Inde.
N.B. Tous les documents chinois réfèrent ces événements comme l’arrivée de la “réforme démocratique”.
15 juillet 1959 : tous les billets de banque (sang) et monnaie (tamka) du Tibet ont été remplacés par la devise chinoise Renminbi.
Mars 1964 : le 10ème Panchen Lama est arrêté à Lhassa après avoir apporté son soutien public au Dalaï Lama.
Août 1964 : à Lhassa, plus de 10 000 étudiants tibétains organisent une manifestation contre la politique chinoise.
1965 : découpage administratif arbitraire du Tibet.
1er septembre 1965 : création de la “Région autonome du Tibet” (RAT) qui comprend le Tibet central et occidental, alors que les provinces du Kham et de l’Amdo sont définitivement incluses dans les provinces chinoises du Sichuan, Qinghai, Gansu et Yunnan.
COMMEMORATION DU SOULEVEMENT
Chaque année, où qu’ils soient, les Tibétains commémorent le 10 mars, pour qu’eux-mêmes se souviennent et pour rappeler au monde que ceux qui sont morts pour la cause de la liberté ne sont pas morts en vain, que leur mort est un sacrifice juste et noble, consenti pour que puisse renaître un Tibet libre.
En France, comme chaque année, une manifestation commémorative nationale du 10 Mars 1959 est organisée à Paris tandis que dans plusieurs villes de provinces, des manifestations commémoratives sont organisées par des réseaux des associations et groupes de soutien au peuple tibétain. Pour plus de détails, à consulter ces sites : www.tibet-info.net ou www.tibetan.fr.
ACTION « DRAPEAU POUR LE TIBET »
Depuis 1996, plusieurs communes en France et en Europe, ont décidé de hisser le drapeau du Tibet autour du 10 mars pour manifester leur solidarité envers le peuple tibétain et ainsi soutenir la lutte non-violente de Sa Sainteté le Dalaï Lama dans sa recherche de solution négociée avec la Chine pour résoudre durablement le problème du Tibet.
C'est ainsi qu'en France, près de 500 communes arborent une fois par an le drapeau du Tibet et plus de 300 communes ont décidé de le hisser de façon permanente. Ces actions ont pris de l'ampleur et depuis, sont suivies dans de nombreux pays européens. Emues par les répressions brutales des forces chinoises contre les manifestants tibétains au cours du printemps 2008, plusieurs centaines de mairies se sont déclarées solidaires de cette action. Par ailleurs, près de 400 mairies ont hissé les couleurs du Tibet lors des JO de Pékin.
Pour la première fois, le 10 mars 2006, la Ville de Paris et le Conseil régional d’Ile-de-France, ont décidé de hisser le drapeau du Tibet dans le cadre d’une cérémonie officielle afin de montrer leur solidarité au peuple tibétain.
Depuis 1991, plus de 200 communes dans l'Hexagone ont également décidé de parrainer un ou plusieurs prisonniers d'opinion tibétains détenus par les autorités chinoises.
Cette action bénéficie d’un grand écho sur le plan national et international. La Chine demeure très sensible à cette marque de soutien manifesté par les élus représentant les populations d’un pays dont la devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». Ces actions comptent beaucoup dans la poursuite du dialogue initié par Sa Sainteté le Dalaï Lama qui, plus que jamais, est déterminé à poursuivre le combat pour son peuple en s’appuyant sur les valeurs de la démocratie, de la justice et de la liberté. Il est également important de se rappeler que le peuple tibétain, dans sa très grande majorité, mène une résistance active de non-violence et ce dans des conditions extrêmement contraignantes que vous connaissez tous.
Aujourd’hui au Tibet, hisser ce drapeau est considéré par les autorités chinoises comme un acte “séparatiste ” portant atteinte à la “ sécurité de l’Etat ”. De ce fait, cela reste puni d’une peine très sévère ! C’est pourquoi l’acquisition d’un drapeau tibétain dans notre monde libre, constitue un acte hautement symbolique et représente votre soutien indéfectible au combat non violent que mène le peuple tibétain depuis 1950 face aux répressions des autorités chinoises.
Quelques références bibliographiques :
Au loin la liberté Ed. Fayard. Autobiographie du dalaï lama
Tibet Rouge, capturé par l’armée chinoise au Kham Ed. Olizane. Récit de et par Robert Ford.
Le feu sous la neige Ed. Actes Sud Récit autobiographique de Palden Gyatso qui a survécu 32 ans de camps de concentration et de tortures pour son engagement politique.
Ama Adhe, Voix de la mémoire. Ed. Dangles. Récit d’Ama Adhe qui a survécu 27 ans de camp de concentration et de torture pour avoir assisté son époux qui menait dès 1955 des résistances armées dans la région du Kham contre l’armée chinoise.
Et que rien ne te fasse peur. Ed. Nil. Récit de Ani Patchen qui a survécu 22 ans de camps de concentration et de torture pour avoir mené des résistances contre l’armée chinoise.
La tragédie du Tibet Ed. La Martinière. Récit sur l’histoire du Tibet contemporain par Kim Yeshi assortie des images inédites d’une grande valeur historique.
SOURCE : Bureau du Tibet, Paris.
TIBET – LE TEMPS PRESSE !
Le Tibet est, historiquement, un pays indépendant depuis l'an 127 avant J.C. Surnommé "le Toit du Monde", sa situation géographique l'a longtemps tenu à l'écart des affaires du monde. En 1949/50, la Chine, en lançant contre le Tibet son Armée populaire de Libération, a enclenché un processus d'assimilation au communisme de cette ancienne civilisation. L'invasion, puis l'occupation du Tibet, constituent des actes d'agression perpétrés en violation du Droit international. La Chine dit « avoir libéré le Tibet du joug de l’impérialisme anglo-américain ». L'ONU a adopté trois résolutions sur le Tibet en 1959, 1961 et 1965, dénonçant la privation des droits et des libertés fondamentaux du peuple tibétain, et notamment de son droit à l'autodétermination. Mais, à ce jour, ces textes sont restés lettre morte.
Découpage administratif arbitraire : Le Tibet historique est constitué de trois provinces : l'U-Tsang, le Kham et l'Amdo, représentant ensemble une superficie de 3,8 millions de km2. Mais, aujourd'hui, la superficie du Tibet a été réduite de moitié : en 1955, l'Amdo est rebaptisé Qinghaï et une partie importante du Kham est intégrée aux provinces chinoises voisines du Gansu, du Sichuan et du Yunnan. En septembre 1965, ce qui restait du Tibet, soit l'U-Tsang et une petite partie du Kham, recevait des autorités chinoises le nom de « Région Autonome du Tibet ». Désormais, lorsque la Chine parle du Tibet, c'est à cette seule région qu'elle fait référence. Or, au lieu de fournir ces vraies informations, depuis 2008, la Chine accuse le Dalaï Lama de réclamer le « Grand Tibet » ou encore, un quart du territoire chinois !
Transferts de populations : Une enquête menée par l'Administration en exil a révélé que, de 1951 à 1978, plus de 1,2 million de Tibétains ont péri du fait de l'occupation chinoise. De plus, le transfert des populations Han au Tibet menace l'existence même de la nation tibétaine. En 2001, la Chine a lancé un projet de développement de l'Ouest comprenant la construction d'une voie ferroviaire de Golmud (en tibétain : Gormo) à Lhassa, aujourd'hui ouverte. Tous ces projets visent à accentuer le déséquilibre démographique et à marginaliser davantage le peuple tibétain. Actuellement, on compte au Tibet 5,5 millions de Tibétains pour plus de 7,5 millions de Chinois. Mais les autorités de Pékin, dont on connaît la fiabilité des statistiques, ne fournissent que les chiffres des populations tibétaines de la seule « Région autonome du Tibet ».
Emprisonnements politiques : Toute activité politique, même pacifique, est considérée comme le plus grave des crimes. Elle est sanctionnée par des peines allant jusqu'à l'emprisonnement à vie, voire par la peine de mort. Au 31 décembre 2009, on dénombrait plus de 1500 prisonniers politiques au Tibet (voir : www.tchrd.org). Leurs crimes : détenir une photo du Dalaï-Lama, brandir le drapeau tibétain et crier "Tibet libre" lors de manifestations pacifiques, coller des affiches, traduire et répandre le texte de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ou parler de la situation des Droits de l'Homme avec des étrangers. Parmi les prisonniers figure Tenzin Delek Rinpotché, un dignitaire religieux de 54 ans arrêté en avril 2002 pour "conspiration ayant causé une série d'explosions" et condamné à la perpétuité, ainsi que le XIème Panchen-Lama Gendhun Choekyi Nyima, détenu en un lieu tenu secret depuis 1995 date de sa reconnaissance à l'âge de 5 ans, par le Dalaï Lama. En mars 2008, la répression armée chinoise contre les manifestants civils, qui a fait 228 morts, 1294 blessés et 5600 arrestations, 334 condamnations (dont 4 ont été exécutées en octobre 2009 même si le gouvernement chinois n’en a admis que 2), 990 disparitions chez les Tibétains, a démontré une fois de plus un déni total de liberté. Sans le dire, la loi martiale reste en vigueur et tout le territoire tibétain est fermé aux voyageurs ou aux journalistes indépendants.
Destruction d'une culture : Avant son invasion, le Tibet comptait 6 000 monastères et monuments historiques. En 1979, à l'exception de 13 d'entre eux, tous étaient en ruines. Depuis 1979, les Tibétains sont autorisés à reconstruire certains monastères. Cependant, l'étude et la transmission du bouddhisme y sont sévèrement contrôlées. De plus, le nombre de moines que chaque monastère peut accueillir est limité. En 1996, la Chine a lancé la campagne de "rééducation patriotique" dans les monastères et couvents au Tibet. De 1996 à 2001, 20 000 religieux ont été chassés de leurs monastères. En 2001, les autorités chinoises ont expulsé 6000 religieux tibétains après avoir détruit leur monastère ( Serthar ). La politique démographique et culturelle mise en place par les autorités au Tibet, visant à terme à assimiler le peuple tibétain, constitue un "génocide culturel". En septembre 2007, l’administration chinoise des affaires religieuses a publié un document intitulé « Ordre n° 5 » contenant 14 articles relatifs aux mesures réglementaires sur la réincarnation des "Bouddhas vivants" du bouddhisme tibétain. Cela confirme la détermination des autorités communistes à s’immiscer dans les affaires religieuses des Tibétains et, ainsi, à en contrôler toute la structure. La restriction des pratiques religieuses a été encore renforcée suite aux manifestations anti chinoises de mars-avril 2008.
Environnement dévasté : Avant l'invasion, le Tibet était couvert de très anciennes forêts représentant 221 000 km2. La politique systématique de déboisement conduite par la Chine en a réduit la superficie à un peu plus de 130 000 km2. Avec ses 35 000 km2 de lacs, le Tibet est le principal réservoir d'eau de l'Asie et c'est au Tibet que les plus grands fleuves prennent leur source. Les inondations qui ont ravagé la Chine lors de l’été 1998 n'ont fait que confirmer les préoccupations exprimées de longue date par les Tibétains. Le déboisement anarchique en amont du fleuve Yangtsé (Dritchou en tibétain) sur le plateau du Tibet a été considéré comme la principale cause de ces inondations. Officiellement, 94 des 160 minerais connus au monde sont présents et exploités au Tibet. La Chine utilise le plateau du Tibet pour y fabriquer des armes atomiques, stocker des déchets nucléaires et y stationner ses ogives nucléaires.
En décembre 2009, le comportement singulièrement irresponsable du gouvernement chinois au sommet de l’ONU sur le climat à Copenhague, a démontré clairement l’absence d’engagement réel et équitable de la part de ce pays, le deuxième pollueur au monde ( d’après une liste publiée par l’ONU le 24 mai 2008).
Education et soins médicaux : Au moins 50 % des Tibétains au Tibet sont illettrés. Tout est mis en oeuvre pour les dissuader d'étudier leur langue. Dans les zones rurales, les écoles n'existent pas ou n'en ont que le nom. De même, les tâches administratives ne se font qu'en chinois. A l'inverse, dans la communauté en exil, plus de 92 % des enfants et des jeunes sont scolarisés et apprennent la langue tibétaine. Chaque année, environ 2000 Tibétains quittent clandestinement le Tibet, pour la plupart à la recherche d'une meilleure éducation scolaire ou monastique en exil. La fusillade contre des réfugiés par l'armée chinoise à la frontière tibéto-népalaise au col de Nangpa La le 30 septembre 2006 a rappelé de manière cruelle les périls encourus par ces candidats à l'exil. Par contre, suite aux répressions militaires des manifestations anti chinoises de 2008, leur nombre a significativement chuté. En 2009, seulement 691 Tibétains sont parvenus à fuir et seulement 627 en 2008. L'accès aux soins médicaux coûte très cher. Pékin se vante d'assurer la gratuité des soins au Tibet, mais ceux qui ne peuvent pas acquitter la provision (800 à 1000 Yuan), soit la majorité d'entre eux, ne sont pas soignés, quel que soit leur état. Même si quelques villes sont équipées, les zones rurales connaissent une grande pénurie de matériel médical et de personnel.
Lutte pacifique : Dès son arrivée en Inde en avril 1959, le Dalaï-Lama a reconstitué une administration qui fonctionne selon les principes modernes de la démocratie. En 1960, une Charte constitutionnelle est promulguée par le Parlement en exil dont la dimension démocratique a été élargie en 1991. Depuis 2001, le Premier ministre est élu au suffrage universel direct. L’administration prend en charge les réfugiés et concentre ses efforts sur l’éducation des enfants. Elle aide aussi le peuple tibétain dans sa lutte pacifique pour recouvrer la liberté. Le gouvernement en exil cherche à résoudre le problème tibétain par des négociations directes avec Pékin. Le peuple tibétain n'accepte pas le statut actuel du Tibet sous l'autorité de la République populaire de Chine.
En même temps, il ne recherche pas l'indépendance, et encore moins la séparation d’avec la Chine. Il propose une solution intermédiaire entre ces deux alternatives pour créer les conditions d’une réelle autonomie pour tous les Tibétains vivant dans les trois provinces du Tibet historique et ce, dans le strict respect de la Constitution et de la Loi sur l’autonomie ethnique régionale de la Chine. Cet objectif porte le nom de politique de la Voie médiane qui a reçu en février 2010, le soutien du Président américain Barack Obama. Position modérée et non partisane, une telle voie sauvegarderait les intérêts vitaux de toutes les parties et contribuerait à assurer : pour les Tibétains, la protection et la préservation de leur culture, de leur religion et de leur identité et pour les Chinois, la sécurité et l'intégrité nationale de la « mère Patrie ». Or, malgré la reprise des contacts sino-tibétains en 2002, et à l’issue de neuf rencontres successives, les autorités de Pékin ont nettement rejeté le Mémorandum sur l’autonomie réelle pour le peuple tibétain qui fixait les modalités précises de l’autonomie régionale souhaitée par les Tibétains.
Contrairement à ce que disent les dirigeants chinois, le Dalaï-Lama n’a pas l’ambition douteuse de restaurer un régime ancien et dépassé. La question du Tibet ne se résume pas à celle de la personne du Dalaï Lama : il s’agit du devenir du peuple tibétain. Malgré l’immense légitimité conférée par l’histoire et le destin de son peuple, le Dalaï-Lama a déclaré publiquement qu’il n’assumerait aucune position officielle dans un Tibet libre afin de faciliter l’instauration et le développement d’une démocratie saine. Il appelle de ses voeux pour un Tibet laïque, démocratique et respectueux de la Constitution de la Chine.
Le bien-fondé de la position du Dalaï-Lama est reconnu internationalement et lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 1989. Pour le peuple tibétain, le problème tibétain n’a rien à voir avec des débats idéologiques obscurs, ni avec une lutte pour le pouvoir. Il s’agit du sort de six millions de Tibétains dont les droits ont été confisqués de force. Le combat du peuple tibétain est celui de la vérité contre le mensonge, de la non-violence contre la violence, de la démocratie contre un régime autoritaire, de la justice contre l’injustice et de la liberté contre la privation de liberté.
CE QUE REPRÉSENTE LE 10 MARS 1959 :
C’est au cours des années 1949/50 que les troupes de l’armée chinoise envahirent le territoire tibétain. Le Tibet lança un appel à la communauté internationale qui resta sans réponse. Seule face à la Chine, une petite délégation tibétaine fut contrainte de signer, en 1951, à Pékin, l’infâme « Accord en 17 Points » dans lequel le Tibet faisait abandon de sa souveraineté.
Un accord inique, qui sera dénoncé plus tard par le Dalaï-Lama. Il s’ensuivit, pour le Tibet et la Chine, une période de neuf années de coexistence difficile. Les Tibétains du nord-est et de l’est du Tibet, qui assistèrent les premiers à l’intrusion de l’Armée populaire de Libération, fuirent devant la répression chinoise croissante et durent gagner les zones rurales. C’est là qu’une résistance armée s’organisa, laquelle se propagea bientôt dans tout le Tibet. Tristement célèbres dans la mémoire des tibétains, les provinces de l’Amdo et du Kham furent la scène d’un cycle résistance-répression qui contraignit des milliers de Tibétains à fuir vers le Tibet central et vers Lhassa, relativement plus sûrs. Mais le ressentiment de ces populations, engendré par l’arrogance avec laquelle la Chine traitait le gouvernement tibétain, s’abreuvait encore des récits de destruction des monastères et de massacre de lamas et de moines que rapportaient les réfugiés venus du Tibet oriental.
Bientôt, le mécontentement qui couvait se traduisit par une défiance ouverte à l’égard de la Chine. Le 10 mars 1959, ce sont des dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui descendirent dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang. Selon une estimation chinoise, près de 87 000 Tibétains furent massacrés dans le seul Tibet central. Il fallut un peu plus de trois jours à l’Armée Populaire de Libération pour venir à bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de résistance qui se répandait dans tout le Tibet. La Chine considère cette période comme étant l’introduction par elle de la réforme démocratique au Tibet.
Le soulèvement du 10 mars 1959 à Lhassa, fut un événement charnière dans l’histoire de la résistance des femmes tibétaines. En effet, le 12 mars 1959, les femmes tibétaines organisèrent une manifestation nationale contre l’invasion chinoise à Lhassa, rejoignant les hommes dans leur résistance active. Environ 15000 femmes y participèrent. La répression fut tout aussi massive envers les femmes et marqua le début d’une répression totale. Plusieurs milliers de celles-ci furent arrêtées et, plus particulièrement, les dirigeantes de cette manifestation – Kundéling Kunsang, Galing Shar Choe-la, Pékong Penpa Dolma, Tawutsang Dolkar, Demo Chimé, Tsong Khang Mémé, Kukarshar Kelsang, Risur Yangchen qui furent publiquement exécutées par la suite. Sans oublier le sort réservé aux centaines de femmes tibétaines qui dès 1955, s’étaient engagées dans la résistance armée contre l’invasion chinoise au Tibet oriental comme le démontrent les témoignages de Ama Adhe et Ani Patchen.
Le soulèvement du 10 mars et sa répression inconditionnelle eurent pour conséquence la fuite vers l’Inde du Dalaï-Lama, des membres de son gouvernement et d’environ 80 000 Tibétains. Le gouvernement tibétain en exil, depuis son siège de Dharamsala, petite ville située au nord de l’Inde, a développé, sous la conduite du Dalaï-Lama, une résistance non violente à l’occupation chinoise, résistance qui a donné naissance à un Mouvement pour la liberté du peuple tibétain étendu aujourd’hui à l’échelle mondiale. Aussi chaque année, où qu’ils soient, les Tibétains commémorent le 10 mars, pour qu’eux-mêmes se souviennent et pour rappeler au monde que les Tibétains qui sont morts pour la cause de la liberté ne sont pas morts en vain, que leur mort est un sacrifice juste et noble, consenti pour que puisse renaître un Tibet libre.
Bureau du Tibet, 84 bd Adolphe Pinard, 75014 Paris éd : le 9/3/2010 correspondant au 24ème jour du 1er mois 2137ème année du Tibet
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Très belle article, merci ! Je pense qu'il va beaucoup m'aider !!!
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